C’est un sous-genre méconnu du cinéma : le body swap movie, ou « film d’échange de corps », a été abordé dès les débuts du cinéma (The Eye of Envy, 1917) avant de gagner en popularité et en récurrence après le succès de Un vendredi dingue, dingue, dingue / Freaky Friday (1976), emmené par une toute jeune Jodie Foster propulsée dans le corps de sa maman Barbara Harris. Depuis, la mécanique - à ne pas confondre avec le film de rajeunissement ou de vieillissement - est très régulièrement revisitée et réinventée sur grand et petit écran, le plus souvent dans des comédies.
Mais pas uniquement. La preuve avec cette sélection spéciale body swap concoctée par JustWatch, pour découvrir les tentatives les plus réussies, marquantes ou étranges disponibles sur les plateformes de streaming en France. Bons visionnages… et bons échanges !
Freaky Friday : Dans la peau de ma mère (2003)
C’est sans doute LE film le plus emblématique du body swap. Freaky Friday : Dans la peau de ma mère (2003) est une comédie familiale drôle et décalée qui revisite avec modernité le Freaky Friday original de 1976. Le tandem Jamie Lee Curtis / Lindsay Lohan, mère et fille envoyée dans le corps l’une de l’autre après avoir mangé chacune un fortune cookie, fonctionne à merveille. Au point de revenir dans une suite très attendue en 2025 (Freaky Friday 2 : Encore dans la peau de ma mère) où cette fois trois générations sont swappées ! A noter qu’un troisième Freaky Friday, produit en 2018, existe par ailleurs sur Disney+.
Freaky (2020)
Après avoir croisé l’horreur et le film de boucle temporelle avec Happy Birthdead (2017), Christopher Landon croise le slasher et le body swap. Et ça donne Freaky (2020), sorte de version gore de Freaky Friday qui voit un terrifiant serial killer transféré dans le corps de l’une de ses victimes, cette dernière occupant désormais l’impressionnante carcasse de celui qu’on surnomme « Le Boucher ». Poursuivie par la police, elle a 24 heures pour inverser le processus, sous peine de se retrouver coincée. Sachant que pendant ce temps-là, insoupçonnable sous les traits d’une innocente lycéenne, le criminel peut donner libre court à ses pulsions les plus violentes. Sanglant, décomplexé et drôle, le film vaut surtout pour ses mises à mort inventives et pour l’interprétation de ses comédiens principaux (Vince Vaughn et Kathryn Newton), tous deux dans un contre-emploi total.
Dans la peau d’une blonde (1991)
De Diamants sur canapé (1961) à la saga La Panthère Rose (1963 - 1993) en passant par La Party (1968) ou Victor Victoria (1982), Blake Edwards a été l’un des artisans majeurs de la comédie hollywoodienne. Quand il s’attaque au body swap avec Dans la peau d’une blonde (1991), il propose un film toujours aussi enlevé et élégant, qui voit un imbuvable macho et incorrigible séducteur, tué par d’anciennes conquêtes trahies, être renvoyé sur Terre par le Diable dans la peau d’une femme (formidable Ellen Barkin) pour gagner sa place au Paradis. A travers cette expérience, il/elle va porter un regard différent sur le beau sexe, l’amour et l’engagement. Une pépite ‘80s à redécouvrir d’urgence.
Volte/Face (1997)
Dans Volte/Face (1997), il n’est pas question de magie, de voeu, de malédiction ou de surnaturel : l’échange de corps entre l’agent Sean Archer et le criminel Castor Troy est volontaire et médicalisé, et vise à faire en sorte que l’enquêteur puisse récupérer des informations sur un attentat en préparation en se faisant temporairement passer pour le terroriste ennemi. Il n’avait simplement pas prévu que son pire ennemi se réveillerait de son coma et prendrait sa place dans les locaux de la CIA comme dans sa propre maison… Aussi improbable que jouissif, le film est un condensé de tout ce qu’on adore chez John Woo avec des fusillades impressionnantes et des colombes au ralenti, mais surtout un numéro d’acteur bluffant porté par Nicolas Cage et John Travolta.
Jumanji : Next Level (2019)
Après le succès de Jumanji : Bienvenue dans la jungle (2017) qui réinventait le classique emmené par Robin Williams en remplaçant le jeu de société par un jeu vidéo, Dwayne Johnson et sa bande vont encore plus loin en croisant gaming et body swap dans la suite. Baptisé Jumanji : Next Level (2019), le film redistribue à plusieurs reprises les rôles au fil de l’histoire, en faisant des protagonistes (et des deux seniors embarqués malgré eux dans cette nouvelle partie) un aventurier, une guerrière badass, un spécialiste des animaux, un professeur, une voleuse émérite ou… un magnifique cheval. C’est improbable, mais ça marche !
Soul (2020)
Sorti directement sur Disney+ en décembre 2020, Soul est une énième pépite animée des studios Pixar, déjà à l'œuvre sur Toy Story (1995), Ratatouille (2007), WALL-E (2008), Vice-Versa (2015) ou le poignant Coco (2017). Comme lui, Soul explore l’au-delà. Mais là où Coco abordait la mort, le deuil et le souvenir, Soul préfère célébrer la vie et tout ce qui donne du sel et du sens à l’existence. Et pour cela, on accompagne un pianiste de jazz tué dans un accident lors de son passage dans le « Grand Avant », où il croise 22, une âme qui n’a jamais saisi l’intérêt de vivre une vie humaine. Et c’est en lui faisant découvrir les petits bonheurs de la vie, lui dans le corps d’un chat et 22 dans son corps de musicien, qu’ils découvriront tous deux les réponses à leurs questions.
Echange standard (2011)
Il ne faut jamais faire de vœux quand on est alcoolisé ! Ryan Reynolds et Jason Bateman l’apprennent à leurs dépends dans Echange standard (2011). Le premier est un célibataire endurci qui se laisse porter par la vie. Le second est un papa entièrement dévoué à sa famille et à son travail. Et chacun rêve de vivre la vie de l’autre. Le destin (provoqué par… une envie pressante satisfaite dans une fontaine) va alors leur permettre d’expérimenter cette possibilité et de se confronter à la réalité d’une autre vie fantasmée. Et quand le body swap est orchestré par le réalisateur de Serial noceurs (2005), l’humour est forcément au rendez-vous !
Une nana au poil (2002)
On l’a vu, le body swap peut être provoqué par un biscuit, une fontaine ou même le Diable en personne. Mais aussi par des boucles d’oreilles magiques dont les deux parties vont être respectivement récupérées par un braqueur minable (Rob Schneider) et une cheerleader détestable (Rachel McAdams). Désormais dans la peau l’un de l’autre, ils vont tenter de faire face à une situation qui leur échappe. Une nana au poil (2002) est une teen-comedy aux gags énormes à réserver aux fans du genre, qui a notamment valu à son acteur principal une nomination au Razzie Award du pire acteur de la décennie. Vous savez à quoi vous attendre.
Renaissances (2015)
Le body swap peut aussi être décliné à la sauce thriller. En témoigne Renaissances (2015), qui lorgne du côté de la science-fiction en présentant un riche homme d’affaires transféré dans un corps plus jeune pour échapper à la maladie et à la mort. Ce qui devait être une nouvelle vie va se transformer en enquête dans la conscience et les souvenirs de son hôte, qui est peut-être toujours là, quelque part… Ryan Reynolds et Ben Kingsley partagent l’affiche de ce long métrage signé Tarsem Singh, réalisateur des très visuels The Cell (2000) et The Fall (2006).
Dans la peau de John Malkovich (1999)
Et s’il existait, quelque part, une porte menant directement dans le cerveau d’une star de cinéma ? C’est le concept barré et quasi-expérimental de Dans la peau de John Malkovich (1999), premier long métrage du clippeur Spike Jonze et futur réalisateur de Her (2013), et premier scénario de Charlie Kaufman qui brillera ensuite avec Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004) et Anomalisa (2015). Dans son propre rôle, l’immense John Malkovich joue la carte de l’autodérision alors qu’il perd le contrôle quand il est visité et exploité par Cameron Diaz et John Cusack. Véritable curiosité un peu oubliée, le long métrage a reçu trois nominations aux Oscars et deux prix au Festival du Film Américain de Deauville.
Solo pour deux (1984)
Se retrouver dans le corps du génial Steve Martin, personne ne refuserait. Pourtant, ce n’est pas ce qu’avait prévu Lily Tomlin dans Solo pour deux (1984) ! Millionnaire excentrique et malade, elle demande à une médium de transférer son esprit dans le corps d’une autre (avec l’accord de cette dernière), son avocat étant chargé de régler les questions d’héritage. Seulement, un accident inattendu va propulser la femmes d’affaires dans le corps de son juriste, où ils vont devoir cohabiter, chacun gérant une moitié de ce « véhicule ». Pour l’anecdote, le film est réalisé par Carl Reiner, l’inoubliable braqueur senior de la saga Ocean's !
Toi, c’est moi (2006)
Ce qui fait tout le sel du body swap, c’est de confronter des personnages à des expériences radicalement différentes de leur vie habituelle. Téléportés dans le corps de l’autre par une statue aztèque, les deux voisins de Toi, c’est moi (2006) vont aussi y trouver une occasion de se pourrir l’existence, eux qui se détestent depuis toujours. La jeune femme discrète et studieuse va ainsi prendre en main le corps du quarterback grossier et glandeur - et inversement - avec beaucoup de surprises et de gags au rendez-vous, mais aussi une compréhension et un respect mutuels.
Monkeybone (2002)
Si on célèbre régulièrement le fabuleux travail de Henry Selick dans l’animation - L'Etrange Noël de M. Jack (1993), James et la pêche géante (1996), Coraline (2009) -, son seul film « live » (il mêle prises de vues réelles et stop-motion) est beaucoup moins connu. Ce long métrage, c’est Monkeybone (2002), dans lequel Brendan Fraser campe un dessinateur tombé dans le coma et entraîné dans son propre imaginaire aux côtés du facétieux singe qui a fait son succès. Mais quand la créature, lassée de son statut de personnage de fiction, décide de récupérer le corps de son créateur, ce dernier est renvoyé sur Terre pour tenter de l’arrêter dans le corps d’un donneur d’organes. A l’image de son pitch étrange, Monkeybone est une œuvre inégale et inclassable, entre comédie noire et film familial, qui vaut assurément le coup d'œil.
Le Baiser empoisonné (1992)
Quand le body swap embrasse le drame romantique, ça donne Le Baiser empoisonné (1992). Ce n’est certes pas le film le plus connu de Meg Ryan et Alec Baldwin, excusez du peu, mais c’est pourtant une jolie variation sur l’échange de corps, avec un vieillard qui se retrouve dans la peau d’une jeune mariée et inversement. L’un revit sa jeunesse dans la peau d’une femme, l’autre accepte plus facilement sa propre finitude, quand le marié, lui, doit vivre avec une épouse qui n’est plus vraiment celle qu’il avait connue et apprendre à voir au-delà des apparences en reconnaissant l’âme de sa chère et tendre derrière les rides du septuagénaire.
Ma vie de chat (2016)
Malgré sa distribution trois étoiles (Kevin Spacey, Jennifer Garner, Christopher Walken), Ma vie de chat (2016) n’a pas trouvé son public. L’approche est pourtant originale pour un Body Swap : après un accident, un riche homme d’affaires qui a préféré son travail à sa famille se retrouve dans le peau du chat qu’il venait d’offrir à sa fille. A travers cette nouvelle condition, il va porter un nouveau regard sur la vie et sur ses proches. Aux commandes de cette comédie fantastique, on retrouve Barry Sonnenfeld, réalisateur de La Famille Addams (1991) et de la trilogie Men In Black (1997 - 2012).
Get Out (2017)
Avec Get Out (2017), Jordan Peele - qui signera par la suite Us (2019) et Nope (2022) - utilise le body swap pour nous glacer le sang. Et celui de son héros, un jeune homme afro-américain invité à rencontrer les parents de sa petite amie blanche le temps d’un week-end dans le domaine familial. En dire plus relèverait du spoiler malvenu (voire criminel). Véritable claque, le film est un immense succès à travers le monde (255 millions de dollars de recettes pour un budget de 5 petits millions de billets verts), auréolé de l’Oscar du meilleur scénario original et d’une place dans le classement des 100 films incontournables du XXIe siècle publié par le New York Times. Et dans le même genre, on vous recommande La Porte des Secrets (2005) de Iain Softley, à l’ambiance très réussie.
Si j’étais toi (2007)
Pour son deuxième passage derrière la caméra, le Français Vincent Perez revisite le film japonais Himitsu (1999) sous la supervision de Luc Besson producteur. Le résultat ? Si j’étais toi (2007), une sorte de Freaky Friday version drame qui voit une mère tombée dans le coma après un accident être envoyée dans le corps de sa fille. Tout en apprenant à gérer sa relation avec son mari à travers cette nouvelle apparence, elle découvre le mal-être de sa fille avec qui elle entretenait des relations houleuses. Le film est porté par le trio Olivia Thirlby, David Duchovny et Lili Taylor.
Le Sens de la famille (2021)
Le genre a fait des émules en France. A l’image de la comédie Le Sens de la famille (2021) qui voit l’ensemble d’une maisonnée changer de corps chaque nuit. Papa Franck Dubosc, maman Alexandra Lamy et leurs enfants de 6, 14 et 17 ans ont donc la joie de se découvrir un nouveau visage au réveil, ce qui bouleverse constamment la dynamique familiale et les situations entre les personnages. Le body swap devient ici un family swap ambitieux, où on reconnaît constamment qui est qui. Et dans le même genre, on vous recommande chaudement Les Dissociés (2015) signé Suricate - Golden Moustache, disponible gratuitement sur Youtube, où le trio Raphaël Descraques / Julien Josselin / Vincent Tirel s’en donne à coeur joie !
Didier (1997)
« On ne sent pas le c** des gens ! » Cette réplique inoubliable lancée par Jean-Pierre Bacri à Alain Chabat est entrée au panthéon de la comédie française. Il faut dire que dans son genre, Didier (1997) est une réussite totale qui voit un labrador, confié par une amie à un agent sportif grognon pour quelques jours de dog-sitting, se transformer en homme ! Avec tous les quiproquos que cela peut entraîner dans les rues de Paris (et sur les terrains du PSG sous le maillot d’un certain Didje Hazanavicius). Pour son coup d’essai, Alain Chabat réalisateur réalise un coup de maître, salué par le César du Meilleur premier film.
L’un dans l’autre (2017)
Voilà une autre variation hexagonale autour du body swap : envoyer l’esprit de la maîtresse (Louise Bourgoin) dans le corps de l’amant (Stéphane De Groodt) et inversement. Sympathique et potache, L’un dans l’autre (2017) vaut surtout le détour pour l’alchimie entre ses deux comédiens principaux, qui semblent beaucoup s’amuser à jouer l’un puis l’autre.
Your Name (2016)
Attention, chef d'œuvre ! Avec Your Name (2016), Makoto Shinkai livre un bijou animé qui voit une jeune femme de la province japonaise et un jeune homme serveur à Tokyo rêver de la vie de l’autre… au point de partager des moments d’existence dans ce corps de substitution. Envoûtant, poétique, romantique, sublime : les qualificatifs ne manquent pas pour célébrer ce conte unique en son genre, qui a propulsé son auteur comme un potentiel héritier de Hayao Miyazaki (Le Voyage de Chihiro, 2001) après le succès phénoménal du long métrage au Japon (c’est l’une des productions nippones les plus vues de l’histoire) et dans le monde entier.
Où regarder ces films et séries en streaming ?
Vous l’avez constaté, le choix et les propositions ne manquent pas si vous aimez le body swap. Alors foncez voir ou revoir cette sélection JustWatch, en cliquant sur l’icône de la plateforme de streaming liée à votre abonnement pour faciliter votre choix (et en swappant de l’une à l'autre), ou en laissant la liste en intégralité.