En 2025, Les Dents de la mer / Jaws (1975) fête ses 50 ans. Un chef d'œuvre indiscutable, qui a créé le blockbuster estival en même temps qu’une phobie mondiale. La scène d’ouverture, l’attaque sur la plage, les plans sous-marins où la caméra remplace le requin, la musique de John Williams, la traque finale confrontant trois hommes au grand blanc façon Moby Dick… Le long métrage est tout simplement un monument, maintes fois imité mais jamais égalé, qui a initié un véritable sous-genre prolifique du cinéma : « le film de requins ».
A défaut d’être aussi talentueux que Steven Spielberg, les cinéastes n’ont pas manqué d’inventivité au fil des décennies pour s’amuser avec nos amis les squales (qui, rappelons-le, ne sont « méchants » qu’au cinéma : si vous en doutez regardez les formidables documentaires Les Seigneurs de la mer / Sharkwater Extinction). Il y a eu des nanars (beaucoup, retrouvez ici la liste des films les plus fous de cette sharksploitation) mais aussi quelques réussites qui, sans se hisser au niveau de Jaws, proposent une variation intéressante du genre.
Manipulations génétiques, traque en supermarché, survival en pleine mer, squale d’eau douce… : JustWatch vous recommande une sélection de films de requins dans lesquels planter vos dents de spectateur, classés du moins bon au meilleur. Ont été exclues les productions animées comme Gang de Requins (2004) ou Le Monde de Nemo (2003) et son génial grand blanc qui rêve de devenir végétarien.
10. Sous la Seine (2024)
Avec 102 millions de vues sur Netflix, Sous la Seine (2024) a été l’une des plus grandes surprises récentes sur la plateforme. Il faut dire que la proposition de Xavier Gens ne pouvait pas laisser indifférent : un requin affamé égaré dans les eaux de la capitale alors que se prépare une épreuve sportive. Dévoilé un peu en amont des Jeux de Paris (un vrai coup marketing !), le long métrage a immédiatement attiré les abonné.es, conquis par ce concept WTF. Chacun trouvera ce qu’il souhaite dans le film aux effets visuels réussis et aux références permanentes (dont, bien sûr, Les Dents de la Mer) : un divertissement improbable, un nanar assumé ou un navet imprévu. Car s’il fait clairement partie des films de requins qu’il faut avoir vus pour le phénomène streaming mondial qu’il a été, le résultat a divisé. Beaucoup. C’est pour cela que Sous la Seine émerge à la dixième place de notre classement. Et pas plus haut.
9. Bait (2012)
Dans Bait (2012), il y a une grosse… bête (pardon). La petite subtilité ici, c’est que le requin, immense et affamé comme toujours, se retrouve dans un supermarché après avoir été emporté par un tsunami ! Coincés avec l’animal, les clients vont donc tenter de survivre entre les différents allées et présentoirs de l’établissement, quitte à transformer des caddies en cages anti-requins. Dans la lignée de Peur Bleue (1999), avec tout de même moins de moyens, le film est à ranger au rayon série B improbable mais assumée, avec comme têtes de gondole des mises à mort inventives qui frappent des personnages un peu clichés. Mais soyons honnête, on ne regarde pas ce film pour sa profondeur psychologique mais uniquement pour voir les clients se faire croquer. C’est mieux que Sous la Seine donc, mais moins bien que ce qui suit.
8. In the Deep (2017)
Toute personne qui plonge dans une cage anti-requins pour observer les squales craint évidemment qu’un animal n’arrive à y pénétrer. In the Deep (2017) explore une autre peur que vous n’aviez peut-être pas envisagée : que la cage sombre au fond à moins 47 mètres, que le tuyau d’oxygène se détache et qu’il ne reste qu’une petite heure avant de vous noyer ! Remonter à la surface est possible, bien sûr, mais ce serait oublier les requins blancs qui rôdent autour de vous dans l’obscurité des profondeurs… C’est sur cette peur du noir (et des squales) que joue ce film claustrophobique et immersif, jusqu’à un twist final qui bouscule vos perceptions. Méconnue mais efficace, cette plongée oppressante et minimaliste mérite sa place dans notre Top 10, avec une suite (47 Meters Down : Uncaged, 2019) pour prolonger la tension. Mais ne venez surtout pas y chercher un bodycount massif : le nombre réduit de personnages limite les repas des squales. In the Deep est surtout à regarder (vivre ?) comme une expérience.
7. Dangerous Animals (2025)
« Pour une fois, le requin n’est pas le monstre. Le monstre, c’est l’homme. » Avec Dangerous Animals (2025), le réalisateur Sean Byrne propose un concept inédit mais ô combien jouissif : faire des squales les armes utilisées par un tueur en série obsédé par ces animaux. Après avoir kidnappé ses victimes, il les livre aux requins dans des mises en scène tordues qu’il filme et dont il conserve les images pour les revoir à loisir. Dans le rôle de ce personnage inquiétant, Jai Courtney (vu dans Terminator Genisys et Suicide Squad) s’éclate et livre une prestation mémorable entre Quint (Les Dents de la Mer) Buffalo Bill (Le Silence des agneaux) et Mick Taylor (Wolf Creek) face à une jeune femme badass (Hassie Harrison) bien décidée à ne pas servir de prochain repas. On est donc ici dans un survival marin à la Calme Blanc (1989), où les humains sont des animaux bien plus dangereux que les prédateurs à ailerons, d’ailleurs assez discrets à l’écran. Dangerous Animals est donc avant tout un serial thriller qui s’autorise quelques brasses dans le genre du film de requins. Il aurait donc été injuste de ne pas l'inclure dans ce top, mais injustifié de le classer plus haut.
6. En eaux troubles (2018)
« Il nous faudrait un plus gros bateau », lançait Roy Scheider dans une réplique mémorable des Dents de la mer. Le conseil est à prendre au pied de la lettre dans En eaux troubles (2018), qui voit Jason Statham affronter un requin préhistorique géant venu des profondeurs. Adapté du roman Meg de Steve Alten et nourri par l’idée qu’on ignore totalement quelles créatures gravitent dans les fonds marins, le long métrage a été pensé comme un divertissement estival, avec un esprit film d’aventures, du fun et Statham et sa mâchoire serrée dans leur rôle habituel. Et juste ce qu’il faut d’attaques et de sang pour ne pas traumatiser un jeune public (à partir de 10 ans) qui pourrait y trouver son premier film de requins (ne commencez pas par Les Dents de la mer, ça traumatise, nous sommes des millions à l’avoir vécu). C’est justement la limite du long métrage pour ce genre : le résultat reste un peu trop familial (on aurait aimé un vrai massacre sur la scène de plage, par exemple !) pour passer le palier du Top 5. A noter qu’une suite, En eaux très troubles, qui verse dans la surenchère avec de nouvelles créatures et une expédition sous-marine façon Abyss et Underwater, a vu le jour en 2023.
5. Open Water : En eaux profondes (2003)
C’est une tragique histoire vraie qui a inspiré Open Water : En eaux profondes (2003), véritable cauchemar qu’on ne souhaite à aucun vacancier ! Parti en excursion de plongée sous-marine, un couple réalise en remontant à la surface que le bateau est reparti sans eux… Oubliés en pleine mer, ils vont alors tenter de survivre alors que les requins commencent à les encercler. Ce film indépendant, sorte de Projet Blair Witch marin, mise avant tout sur la peur et les propres projections du spectateur. Car s’il ne se passe concrètement pas grand chose à l’écran, la tension est pourtant permanente. Un peu comme quand on guette les images nocturnes de Paranormal Activity pour y apercevoir (ou croire y apercevoir ?) un phénomène inexpliqué. On est donc actifs et viscéralement terrifiés devant cette proposition minimaliste et ultra-réaliste déconseillée aux thalassophobes, où les squales sont omniprésents tout en étant finalement très discrets. A l’écran du moins, car sur le tournage, les comédiens ont passé une centaine d’heures dans l’eau entourés d’une cinquantaine de vrais requins ! A noter que deux suites, sans rapport direct avec le film, ont vu le jour : Dérive mortelle (2006) et Open Water 3 : Les abîmes de la terreur (2017).
4. Instinct de survie : The Shallows (2016)
Oubliez la magnifique chanson de Lady Gaga et Bradley Cooper entonnée dans A Star is Born (2018). Dans Instinct de survie : The Shallows (2016), les « shallows » -ou « bas-fonds »- sont ceux où rôdent un requin très agressif, qui a été interrompu dans son repas (un festin sur une carcasse de baleine) par une surfeuse isolée. Bloquée à 200 mètres de la plage sur un rocher grignoté par la marée montante, la jeune femme va alors tout faire pour survivre… Inspirée par l’interprétation de son compagnon Ryan Reynolds dans Buried (2010) où il était enterré vivant, Blake Lively s’attaque au défi physique et psychologique de porter un survival en solitaire. Le résultat ? Une série B réussie et efficace sous les 90 minutes, sorte de huis-clos en plein air où le réalisateur Jaume Collet-Serra (Carry-On, Jungle Cruise) s’amuse. Et nous avec. C’est, là aussi, la petite limite du film, qui verse un peu trop dans le divertissement (notamment son final) pour totalement emporter l’adhésion et remonter vers la surface du classement.
3. Les Dents de la mer, 2e partie (1978)
Trois ans après le phénomène Jaws, les studios Universal veulent évidemment donner une suite au succès planétaire de Spielberg. Le cinéaste n’est pas disponible -ou ne veut pas l’être- et c’est un réalisateur français (!), Jeannot Szwarc, qui reprend le projet, toujours emmené par Roy Scheider, Lorraine Gary et Murray Hamilton. Dans Les Dents de la mer, 2e partie (1978), un squale mangeur d’hommes est de retour sur les côtes d’Amity et prend notamment en chasse le groupe de bateaux de plaisance des jeunes du coin… dont les fils du shérif Brody. Sans rivaliser avec le film original, ce deuxième opus est tout sauf honteux et même pas mal du tout, grâce notamment à sa deuxième partie réussie (voire traumatisante pour tout jeune spectateur s'apprêtant à partir en stage de voile) et des séquences efficaces (l’attaque du couple dans son dériveur, la mort de la skieuse nautique, le développement des photos sous-marine dans une ambiance rougeâtre fiévreuse…). Certes, le requin est un peu daté mais on valide cette terreur de jeunesse… en rappelant qu’il faut bien dire « partie » quand on prononce le titre français pour éviter un lamentable jeu de mots !
2. The Reef (2010)
Après l’efficace survival Black Water (2008) et son attaque de crocodile mangeur d’hommes en pleine mangrove, le réalisateur australien Andrew Traucki s’attaque à l’autre prédateur majeur des côtes de son pays : le grand requin blanc. Dans The Reef (2010), le squale prend en chasse un groupe de naufragés. Rien de très nouveau sur le papier sauf qu’ici, il n’y a ni images de synthèse ni animatroniques : ce sont de véritables animaux qui ont été filmés. Leurs apparitions et attaques sont savamment distillées au fil du montage et de l’histoire, décuplant l’angoisse et la paranoïa des protagonistes (tous attachants) et des spectateurs. Mais là encore, il ne faut pas chercher du sang, du gore ou une omniprésence des requins. Juste une expérience dans laquelle on se projette finalement très facilement, entre attente et terreur pendant moins d’1h30. Bref, une réussite qui fait mieux que Open Water côté trouille en évitant l’approche spectaculaire et divertissante de Instinct de survie. D’où cette deuxième place.
1. Peur bleue (1999)
On le sait, le requin est le prédateur ultime, forgé par 250 millions d’années d’évolution. Ajoutez-lui un cerveau surdéveloppé, et vous obtenez une véritable machine à tuer intelligente, capable de raisonner, d’élaborer des plans… et de nager en arrière ! C’est le concept du très sympathique Peur bleue (1999), qui s’inscrit comme un film emblématique du genre. Et assurément comme mon préféré (après Les Dents de la Mer), que je regarde avec un vrai plaisir coupable chaque fois que je tombe dessus ! Et oui, je sais parfaitement que je me contredis après avoir reproché à certains films de cette liste de trop verser dans le divertissement… mais c’est mon classement donc je fais ce que je veux :) Et puis Deep Blue Sea (son titre original) est un fan-favorite, donc je sais que beaucoup d’entre-vous seront d’accord avec moi ! Reposant sur un huis-clos dans une station sous-marine à la Abyss, le film voit des scientifiques doper l’intellect des squales pour étudier un potentiel remède à la maladie d'Alzheimer : malheureusement, une tempête va faire basculer l’expérience et la base où ils opèrent en plein cauchemar englouti. Un joli casting composé de Thomas Jane, Saffron Burrows, Stellan Skarsgård et LL Cool J est au générique du long métrage signé Renny Harlin (58 minutes pour vivre, Cliffhanger), qui offre à Samuel L. Jackson une scène aussi cultissime qu’inattendue. Croyez-moi, vous n’êtes pas prêt.es !