Quel film succèdera au bouleversant et élégant La Chambre d’à côté (2024) de Pedro Almodóvar ? Réponse le 6 septembre prochain, quand le réalisateur Alexander Payne et son jury remettront le Lion d’Or du 82e Festival International du Film de Venise. 21 longs métrages en Compétition et 11 avant-premières Hors Compétition (dont une clôture française) s’y dévoileront sous le regard exigeant et passionné de la planète cinéma : JustWatch vous dit tout des œuvres les plus attendues de cette Mostra 2025.
« Le Mage du Kremlin » de Olivier Assayas (Compétition)
Jude Law est Vladimir Poutine. Le Mage du Kremlin (2025) va assurément créer l’événement (et la polémique ?) à la rentrée prochaine, en dévoilant les arcanes du pouvoir russe après la chute de l’URSS, à travers les yeux du conseiller officieux du futur chef d'État. Pour ce thriller adapté du roman de Giuliano da Empoli, qui fait écho à The Apprentice (2024) mais côté soviétique, le réalisateur français Olivier Assayas (Carlos, 2010) s’est également entouré de Paul Dano, Alicia Vikander, Jeffrey Wright ou Zach Galifianakis : une distribution solide qui devrait assurément faire crépiter les flashes des photographes sur le tapis rouge.
« Jay Kelly » de Noah Baumbach (Compétition)
Après The Meyerowitz Stories (2017), Marriage Story (2019) et White Noise (2022), Noah Baumbach réunit un casting (très) impressionnant autour de George Clooney. Dans le rôle de Jay Kelly (2025), un homme que tout le monde connaît mais qui ne se connait pas lui-même, il sera entouré de Adam Sandler, Laura Dern, Billy Crudup, Riley Keough, Patrick Wilson, Isla Fisher, Stacy Keach, Jim Broadbent, Greta Gerwig (avec qui Baumbach a coécrit Barbie) ou Emily Mortimer (coscénariste de cette histoire de passage à l’âge adulte… autour d’un adulte) !
« The Voice of Hind Rajab » de Kaouther Ben Hania (Compétition)
En quinze ans, la réalisatrice Kaouther Ben Hania s’est imposée comme l’une des voix les plus intéressantes et singulières du cinéma tunisien. La réalisatrice de La Belle et la Meute (2017) et Les Filles d’Olfa (2023) devrait une nouvelle fois livrer une œuvre puissante, tournée en douze mois à peine. The Voice of Hind Rajab (2025) fera ainsi résonner la voix de la fillette palestinienne de six ans tuée avec plusieurs membres de sa famille par les forces israéliennes dans la bande de Gaza et dont l’appel au secours, alors qu’elle était coincée dans une voiture, bouleversa le monde. Dans un communiqué, la cinéaste déclare : « Au cœur de ce film se trouve une chose très simple, et très difficile à vivre. Je ne peux accepter un monde où un enfant appelle à l'aide et où personne ne vient. Cette douleur, cet échec, nous concerne tous. Cette histoire ne concerne pas seulement Gaza. Elle parle d'un deuil universel. Et je crois que la fiction (surtout lorsqu'elle s'inspire d'événements réels, douloureux et vérifiés) est l'outil le plus puissant du cinéma. Plus puissant que le bruit des breaking news ou l'oubli du scrolling. Le cinéma peut préserver la mémoire. Le cinéma peut résister à l'amnésie. Que la voix de Hind Rajab soit entendue ».
« A House of Dynamite » de Kathryn Bigelow (Compétition)
Cela fait huit ans que nous étions sans nouvelles de Kathryn Bigelow. La cinéaste américaine, première femme sacrée par l’Oscar de la Meilleur réalisation (pour Démineurs, 2008), n’avait en effet rien tourné depuis le passionnant Detroit en 2017. C’est au cœur de la Maison Blanche qu’elle fait son grand retour, avec A House Of Dynamite (2025) dont le titre est aussi explosif que son pitch : comment les Etats-Unis font face à une attaque de missiles dirigée contre le pays. Idris Elba, Rebecca Ferguson, Greta Lee, Moses Ingram, Jared Harris, Gabriel Basso et Anthony Ramos composeront l’équipe gouvernementale de ce thriller choral.
« Frankenstein » de Guillermo del Toro (Compétition)
Voir le réalisateur de Hellboy (2004), Le Labyrinthe de Pan (2006) et La Forme de l'eau (2017) s’attaquer à l’une des plus célèbres icônes du cinéma et de la littérature fantastique a quelque chose de logique. Et de totalement incontournable. Le Frankenstein (2025) de Guillermo Del Toro, immense amoureux des monstres, est l’un des événements les plus attendus de l’automne. Oscar Isaac s’y glisse dans la blouse du Docteur Frankenstein face à Jacob Elordi en créature, dans des décors gothiques à souhait qui magnifie l’histoire imaginée par Mary Shelley. Le tout emmené par une partition d’Alexandre Desplat. La sortie en novembre prochain semble bien lointaine…
« À pied d'oeuvre » de Valérie Donzelli (Compétition)
À pied d'oeuvre (2025) marque la toute première sélection de Valérie Donzelli à la Mostra. Déjà passée par les marches de la Compétition du Festival de Cannes (Marguerite & Julien, 2015), la réalisatrice française adapte ici le roman de Franck Courtès (Gallimard, 2023), dans lequel il raconte comment il a glissé peu à peu dans la pauvreté, alors qu’il a abandonné son métier de photographe pour se consacrer à l’écriture. C’est ainsi qu’il va faire l’expérience de la précarité, et de la liberté, avec lucidité et autodérision. Le long métrage est emmené par le talentueux Bastien Bouillon, visage de plus en plus incontournable du cinéma français après ses rôles dans La Nuit du 12 (2022), Le Comte de Monte-Cristo (2024) et Partir un Jour (2025).
« After the Hunt » de Luca Guadagnino (Hors Compétition)
Depuis la « claque » Call Me By Your Name (2017), Lucas Guadagnino est l’un des cinéastes les plus attendus par les cinéphiles. Et après Bones and All (2022), Challengers (2024) et Queer (2024), il revient déjà avec After the Hunt (2025) où il dirige l’iconique Julia Roberts. Centré sur les accusations d’une étudiante à l’encontre d’un professeur qui aurait « franchi la ligne », le film va interroger les apparences et les faux semblants. Et après Venise ? Le réalisateur italien a un agenda chargé avec une nouvelle version de American Psycho, le film DC Sgt Rock, la suite de Call Me By Your Name et un biopic sur la création de OpenAI. Vous avez dit passionnant ?
« Scarlet » de Mamoru Hosoda (Hors Compétition)
La Traversée du temps (2006), Summer Wars (2009), Les Enfants Loups, Ame & Yuki (2012), Le Garçon et la Bête (2015), Miraï, ma petite soeur (2018), Belle (2021)... Autant de pépites à mettre au crédit de Mamoru Hosoda. Sous la bannière de son Studio Chizu, le cinéaste japonais, talent majeur de la nouvelle vague de l’animation nippone, débarque à Venise avec Scarlet (2025), l’histoire d’une princesse qui doit parvenir à s’échapper du royaume des morts pour éviter l’annihilation. Mêlant la fantasy et l’action, ce projet ambitieux, sombre et violent proposera une approche animée inédite.
« Father Mother Sister Brother » de Jim Jarmusch (Compétition)
Si Jim Jarmusch fait partie des « habitués » du Festival de Cannes, il n’avait jamais été convié par la Mostra. Le cinéaste à la chevelure argentée débarque enfin à Venise avec Father Mother Sister Brother (2025), qui revisite en trois histoires les relations entre des frères et soeurs adultes et leur(s) parent(s) quelque peu distant(s), alors qu’ils se retrouvent après plusieurs années de séparation. Tourné entre Paris, l’Irlande et les Etats-Unis, cette comédie que le réalisateur annonce très calme, très subtile et sans musique (!) réunit Cate Blanchett, Adam Driver, Vicky Krieps, Tom Waits et Charlotte Rampling.
« Chien 51 » de Cédric Jimenez (Hors Compétition)
C’est sur un polar de science-fiction que tombera le rideau de la 82e Mostra. Et pas n’importe lequel puisque Chien 51 (2025) est l’un des projets français les plus ambitieux de l’année. Porté par un budget de 42 millions d’euros, Cédric Jimenez (La French, Bac Nord, Novembre) adapte le roman de Laurent Gaudé (Actes Sud, 2022) et plonge Gilles Lellouche et Adèle Exarchopoulos dans un Paris futuriste qui sépare les différentes classes sociales. Quand l’inventeur d’une IA qui a révolutionné le travail de la police est assassiné, ces deux inspecteurs que tout oppose vont devoir mener l’enquête ensemble…
« Bugonia » de Yorgos Lanthimos (Compétition)
Déjà un nouveau film pour le prolifique Yorgos Lanthimos ! Et comme toujours une intrigue qui attise la curiosité : « deux hommes obsédés par la conspiration kidnappent une grande PDG, convaincus qu'elle est un extraterrestre qui a l'intention de détruire la Terre ». Le décor décalé est posé et permettra au cinéaste de retrouver Emma Stone, à l’affiche de tous ses longs métrages depuis La Favorite (2018) et qui avait obtenu son second Oscar de la Meilleure actrice sous la direction du réalisateur avec Pauvres Créatures (2023). A noter que Bugonia (2025) est un remake du film sud-coréen Save the Green Planet (2003).
« Orphan » de László Nemes (Compétition)
En 2015, László Nemes est révélé sur la scène internationale avec son premier long métrage, le film-choc Le Fils de Saul récompensé à Cannes et aux Oscars. Sa deuxième réalisation, Sunset (2018), aura par la suite les honneurs d’une sélection en Compétition à Venise. Et c’est encore à la Mostra que le cinéaste hongrois dévoilera cette année son nouvel opus, Orphan (2025), qui semble s’inspirer de la jeunesse de son propre père, le réalisateur András Jeles, puisque le film racontera la vie d'un garçon à Budapest en 1957, un an après la tentative de révolution hongroise contre l'URSS.
« L’Etranger » de François Ozon (Compétition)
Pour son vingt-cinquième long métrage, François Ozon s’attaque à un monument de la littérature : L’Etranger d’Albert Camus, l’un des romans en langue française les plus lus au monde. Étrangement, l'œuvre n’a été adaptée qu’une seule fois au cinéma, en 1967, par Luchino Visconti qui y dirigeait Marcello Mastroianni. Devant la caméra d’Ozon, c’est Benjamin Voisin (révélé par le cinéaste dans Eté 85) qui campe Meursault, jeune homme froid et détaché qui évolue dans l’Algérie de 1938. Comme Frantz (2016), également passé par Venise, L’Etranger a été tourné en noir et blanc.
« Aucun autre choix » de Park Chan-wook (Compétition)
Le cinéma sud-coréen sera au rendez-vous de la 85e Mostra grâce à Park Chan-wook. Primé à Venise il y a vingt ans pour Lady Vengeance (2005), le cinéaste revient avec Aucun autre choix (2025), remake du thriller français Le Couperet (2005). Dans ce film noir signé Costa-Gavras, un ingénieur au chômage, prêt à tout pour retrouver un emploi, éliminait tous les candidats répondant aux mêmes offres que lui. Dans la version coréenne, José Garcia est remplacé par Lee Byung-Hun, bien connu des abonné.es Netflix pour avoir récemment incarné le Front-Man de la série Squid Game (2021-2025).
« The Smashing Machine » de Benny Safdie (Compétition)
Dwayne Johnson n’est pas qu’une star du cinéma d’action : l’ancien catcheur, connu sous le surnom « The Rock », fait des choix artistiques intéressants qui l’ont notamment amené sur les marches du Festival de Cannes (Southland Tales, 2007) et cette année sur le Lido de Venise. Dans The Smashing Machine (2025), nouvelle production du studio A24, le colosse remonte sur le ring dans le rôle de Mark Kerr, légende du MMA et champion UFC à la fin des années 90. Devant la caméra du réalisateur de Good Time (2017) et Uncut Gems (2019), l’acteur est métamorphosé et devrait livrer une prestation d’ores et déjà annoncée comme la meilleure de sa carrière.
« In The Hand of Dante » de Julian Schnabel (Hors Compétition)
Attention, casting sept étoiles : Al Pacino, Gal Gadot, Oscar Isaac, Jason Momoa, John Malkovich, Gerard Butler et… Martin Scorsese, entre autres ! Pour son grand retour à Venise où il a déjà présenté Basquiat (1996), Avant la nuit (2000), Miral (2010) et At Eternity’s Gate (2018), Julian Schnabel réunit un casting de rêve, sans doute le plus impressionnant de la sélection. In The Hand of Dante (2025) est un polar adapté du roman de Nick Tosches, qui nous plonge dans la sombre enquête autour de la réapparition d’un manuscrit de La Divine Comédie.
« Grace » de Paolo Sorrentino (Compétition)
Acteur fétiche de Paolo Sorrentino (il a joué sous sa direction dans Il Divo, Silvio et les autres, La Grande Bellezza…), Toni Servillo retrouve le réalisateur italien pour Grace / La Grazia (2025), qui fera l’ouverture à Venise. Peu de choses ont filtré sur le long métrage tourné entre Rome et Turin, qui devrait raconter les derniers jours de la vie d’un Président fictif et « marquer les esprits par sa grande originalité et sa forte résonance avec l’actualité » selon les organisateurs du Festival. C’est la quatrième sélection de Paolo Sorrentino à la Mostra, où il avait remporté le Lion d’Argent pour La Main de Dieu (2021).
« Dead Man's Wire » de Gus Van Sant (Hors Compétition)
Il y a un petit air de Un après-midi de chien (1975) qui plane sur Dead Man’s Wire (2025). Déjà parce que le film de Gus Van Sant revisitera une prise d’otage fiévreuse et tendue, survenue en 1977 aux Etats-Unis. Et ensuite parce qu’Al Pacino, inoubliable braqueur de Sidney Lumet, est au générique du long métrage. Face à lui, on retrouve Bill Skarsgård en preneur d’otage et Dacre Montgomery en banquier… et entre les deux hommes, un fil ténu synonyme de vie ou de mort puisqu’il est relié au cou de la victime et à l’arme du « criminel » (un homme sans histoire acculé par les dettes). Le film marque le grand retour du réalisateur de Will Hunting (1997) et Harvey Milk (2008), après sept ans d’absence.